Participer

© Indesciences.com
Tous droits réservés.
Site réalisé par William Traoré

Mâle ou Femelle : Pourquoi choisir ?

Par Mélissa COURT - Le 2 janvier 2020

Quand on parle d’être à la fois mâle et femelle, on pense souvent à nos chers amis les escargots qui sont hermaphrodites. Cependant ici je vais vous parler d’un aspect particulier de ce mélange des sexes : le gynandromorphisme. Etymologiquement, on retrouve les racines latines -gyne pour parler de ce qui a trait à une femelle, et -andro qui se réfère au sexe masculin. L’individu est donc une chimère à la fois femelle et mâle. Contrairement aux escargots qui sont hermaphrodites, ce qui signifie qu’ils passent d’un genre à l’autre durant leur vie selon les besoins et les circonstances, le gynandromorphe est les deux en même temps. Il possède environ la moitié de ses cellules avec un génotype mâle et l’autre avec un génotype femelle. Le gynandromorphisme est souvent défini comme présent uniquement chez les insectes (Larousse s. d.) car il a été repéré principalement sur des papillons (@NatGeoFrance 2018), pourtant ce n’est pas le cas.

Un article récemment publié dans The National Geographic (@NatGeoFrance 2019) témoigne d’une observation d’un oiseau cardinal atteint de gynandromorphie bilatérale (séparée droite et gauche) en Pennsylvanie. Ce développement connu chez plusieurs espèces d’oiseaux reste tout de même rare à observer. Il a notamment été étudié récemment chez un poulet (Morris et al. 2018), qui présentait une gynandromorphie bilatérale (femelle côté gauche et mâle côté droit). Durant cette recherche, l’animal a été comparé à des congénères de même âge afin de voir le développement de ses caractères (dont les caractères sexuels). On pouvait donc constater un développement à priori normal du côté droit avec toutefois une sorte d’hybride entre un ovaire et un testicule du côté gauche (des follicules côtoyant des tubes séminifères). Au final le développement sexuel de cet individu s’est fait à l’échelle cellulaire mais est également visible à l’échelle globale de l’animal, avec un ensemble de caractéristiques à la fois mâle et femelle. Au niveau hormonal, il présente un taux de testostérone assez élevé (10 fois plus que chez un mâle normal) et un taux d’oestradiol plus élevé que chez un mâle moyen mais inférieur à celui d’une femelle. D’après les résultats de cette étude, il est peu probable que le gynandromorphisme vienne d’une mutation au stade de développement embryonnaire deux cellules. Il était envisagé dans des analyses précédentes que cela viendrait plutôt d’une mauvaise séparation lors du stade 2 cellules et que les pronuclei (Z et W pour les oiseaux) auraient été à nouveau fécondés par 2 spermatozoïdes Z.

Photographie par Shirley Cardwell

D’après les études menées précédemment (Zhao et al. 2010), il a été remarqué que des individus gynandromorphes peuvent présenter chaque côté mâle ou femelle. Il n’y a cependant pas encore assez de données sur ces individus pour savoir s’il existe une majorité d’un type de configuration (côté mâle plus souvent à gauche par exemple). Cet agencement peut avoir une importance, notamment au niveau de la fertilité de l’animal. En effet les oiseaux femelles ne possèdent que l’ovaire gauche de fonctionnel. Des études ont été menées sur des insectes, mettant en évidence une absence de comportement sexuel. Il n’y a pas encore eu de recherches sur la possible reproduction de vertébrés gynandromorphes mais l’étude du comportement de ces animaux pourrait être une piste intéressante, notamment pour savoir s’ils sont capable d’avoir des relations avec d’autres individus. Le cardinal découvert en Pennsylvanie serait accompagné régulièrement par un oiseau mâle d’après les observations des habitants qui ont l’habitude d’attirer les oiseaux avec des mangeoires. Ces témoignages sont précieux car ils permettent d’avoir un suivi dans l’habitat naturel de l’animal sans intervention pour l’étudier. En observant les habitudes de cet oiseau hors normes qu’ils peuvent facilement identifier M. et Mme Caldwell aimeraient, en association avec des spécialistes, mieux comprendre les effets de ce développement particulier sur la vie du volatile.

Poulet gynandromorphe : côté mâle à droite (couleur plus claire) et côté femelle à gauche (couleur plus foncée) de l’individu. Source image : Morris, Kirsten R., Claire E. Hirst, Andrew T. Major, Tariq Ezaz, Mark Ford, Susan Bibby, Tim J. Doran, et Craig A. Smith. 2018. « Gonadal and Endocrine Analysis of a Gynandromorphic Chicken ». Endocrinology 159 (10): 3492 ‑ 3502. https://doi.org/10.1210/en.2018-00553 . (avec autorisation de l’auteur pour diffusion)

Sources

Larousse, Éditions. s. d. « Définitions : gynandromorphisme – Dictionnaire de français Larousse ». Consulté le 21 février 2019. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/gynandromorphisme/38709.

Morris, Kirsten R., Claire E. Hirst, Andrew T. Major, Tariq Ezaz, Mark Ford, Susan Bibby, Tim J. Doran, et Craig A. Smith. 2018. « Gonadal and Endocrine Analysis of a Gynandromorphic Chicken ». Endocrinology 159 (10): 3492 ‑ 3502. https://doi.org/10.1210/en.2018-00553.

@NatGeoFrance. 2019. « Cet oiseau très rare est mi-mâle mi-femelle ». National Geographic. 6 février 2019. https://www.nationalgeographic.fr/animaux/cet-oiseau-tres-rare-est-mi-male-mi-femelle.

Toi aussi participe au blog !

Participer