Partie 1 : Pourquoi ne nous a-t-il pas encore rendu visite ?
« E.T Téléphone maison ». Qui n’a jamais entendu cette célèbre phrase tout droit sortie du film E.T l’extraterrestre sorti en 1982 ? Devant ces images, chacun de nous a imaginé tomber nez à nez avec un gentil extraterrestre qui deviendrait notre ami. Mais est-ce réellement possible ? Est-ce qu’un jour E.T nous rendra visite pour de vrai ? Et dans combien de temps ?
Les hommes s’intéressent depuis des siècles à la possibilité que la vie existe ailleurs que sur la Terre. Dès l’Antiquité, au IV siècle avant Jésus-Christ, le philosophe Métrodore de Chio disait déjà qu’« Il est aussi absurde de concevoir un champ de blé avec une seule tige, qu’un monde unique dans ce vaste univers ».
C’est sûrement au XVIe siècle que ces questionnements prennent tout leur sens, lorsque l’astronome Nicolas Copernic annonce un bouleversement énorme dans le domaine scientifique : le Soleil ne tourne pas autour de la Terre, c’est bien l’inverse. L’abandon progressif du modèle géocentrique au profit du modèle héliocentrique remet en question les vérités établies.
Nous ne sommes pas le centre du monde, les humains n’ont finalement rien d’exceptionnel. Alors si la vie est apparue sur Terre, pourquoi pas ailleurs ?
Quelques chiffres…
Les chiffres nous poussent à penser qu’il est très probable que d’autres civilisations existent quelque part dans notre galaxie, et même au-delà. Les chercheurs s’accordent plus ou moins pour dire qu’il y a entre 200 et 400 milliards d’étoiles dans la Voie Lactée et au minimum 100 milliards de planètes. Si on considère que seulement 0,1% de ces planètes seraient similaires à la Terre, il y aurait alors cent millions de planètes ressemblant à la nôtre, seulement dans notre galaxie ! Et si encore 0,1% de ces planètes abritaient la vie, il y aurait cent mille civilisations extraterrestres qui nous entourent. Alors pourquoi n’avons-nous pas encore rencontré E.T ?
Il y a plus d’étoiles dans la galaxie que de grains de sable sur Terre.
Le temps d’un battement de cils, quinze mille étoiles se forment dans notre galaxie.
Le paradoxe de Fermi
Ces questions sont en réalité les bases d’un paradoxe énoncé en 1950 par le physicien Enrico Fermi lors d’une discussion avec ses collègues sur les ovnis (à Los Alamos Laboratory, aux Etats-Unis). Ils se questionnent sur le fait qu’aucun signe de la présence extraterrestre comme des vaisseaux, robots ou artefacts n’ait été repéré sur Terre.
Fermi tente de répondre à une simple question qu’il se pose : “Où est tout le monde ?”.
de galaxies dans l'univers
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C’est ainsi qu’il pose les bases de son paradoxe : pourquoi n’avons-nous pas encore découvert de vie extraterrestre alors que l’univers est peuplé d’un nombre incalculable d’exoplanètes ? S’ils existent, on devrait les voir.
Il faudrait peut-être commencer par préciser qu’E.T ne ressemble pas forcément à E.T. Dans notre culture, influencée par la science-fiction, il existe un modèle extraterrestre : un petit homme vert ou gris, nu, avec des yeux globuleux en amandes, un corps élancé et éventuellement des antennes. Mais ce n’est pas forcément le cas. Pour le comprendre, nous n’avons qu’à penser à toutes les espèces qui peuplent la Terre. Les Hommes d’abord, mais aussi des chats qui marchent sur quatre pattes et sont recouverts de poils, des oiseaux pouvant voler grâce à leurs ailes couvertes de plumes, ou encore certains types de poissons aux formes excentriques qui vivent dans les profondeurs des océans.
Au sein de notre propre planète, les êtres vivants ont des apparences et caractéristiques qui leur sont propres et singulières. Chaque animal ne ressemble pas à l’humain : il en est sûrement de même pour les extraterrestres ! On appelle anthropomorphisme cette tendance des hommes à attribuer des caractéristiques humaines aux choses qui nous entourent, ou que nous imaginons. Mais alors où sont-ils ?
Une première explication de l’absence des extraterrestres pourrait être simplement qu’ils n’existent pas. L’apparition de la vie serait un miracle qui ne s’est produit qu’une seule fois dans l’histoire de l’Univers. Les facteurs qui ont contribué à la création de la vie pourraient être extrêmement rares et relèveraient d’un exploit unique, dont nous serions les fruits.
L’équation de Drake
En tenant compte de cette possibilité, il serait important de savoir combien de civilisations extraterrestres nous entourent pour justifier les programmes de recherches tels que SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) qui demande des investissements à grande ampleur. C’est ce qu’a tenté de faire l’astronome Frank Drake en 1961 lors d’une conférence à Green Bank où il a présenté sa très célèbre équation de Drake.
N = R* × fp × ne × fl × fi × fc × L
N : nombre de civilisations extraterrestres dans notre galaxie
R* : nombre d’étoiles qui se forment annuellement dans notre galaxie
fp : part des étoiles dotées de planètes
ne : espérance du nombre de planètes potentiellement propices à la vie par étoile
fl : part de ces planètes où la vie apparaît effectivement
i : part de ces planètes où apparaît la vie intelligente
fc : part de ces planètes capables et désireuses de communiquer
L : durée de vie moyenne d’une civilisation, en années
Cette équation à dormir debout, qui prend en compte des facteurs astrophysiques, biotechnologiques et temporels, n’a pas pour objectif de donner un résultat précis, mais plutôt de prouver qu’il y a une chance non négligeable que des extraterrestres soient autour de nous. Si N est proche de 1, les programmes de recherche sont vains et inutiles puisque nous serions seuls. Et si N est relativement grand, alors il vaut le coup de continuer de chercher.
Une approche quantitative…
On pourrait aussi raisonner sur la probabilité de contact avec l’une de ces civilisations, plutôt que sur leur existence et leur nombre. Une des expressions proposées par les scientifiques pour cette probabilité est P= volume exploré/volume galactique. Le terme « volume exploré » dépend du nombre de civilisations, de leurs durées de vie et de la vitesse à laquelle elles se répandent dans la Galaxie (puisqu’on connaît approximativement le volume galactique). En faisant varier ces paramètres on peut obtenir des volumes explorés très différents, et donc une probabilité de contact plus ou moins élevée. Il s’agit ici d’une approche quantitative du paradoxe de Fermi. Si la probabilité de contact est très forte, celui-ci est justifié, la civilisation extraterrestre serait capable d’arriver jusqu’à nous et se faire remarquer. Toutefois, si elle est très faible, alors il n’y a pas de paradoxe puisque les civilisations n’auraient eu presque aucune chance d’arriver jusqu’à nous (durée de vie faible, vitesse faible). Il est donc normal que nous ne les ayons pas aperçu.
Cependant, être seuls dans l’espace ne signifie pas être seuls dans le temps. Une multitude de civilisations technologiquement avancées auraient pu naître dans la Galaxie, vivre longtemps (des dizaines ou des centaines de milliers d’années) et éventuellement coloniser leur voisinage, étant « seuls » dans la Galaxie pendant tout ce temps, puis disparaître. Celles-ci n’auraient jamais pu communiquer, ignorant que d’autres les ont précédées et vont leur succéder. Si par exemple une civilisation se développe tous les dix milliards d’années, et qu’elle s’effondre au bout de cinq milliards d’années, alors chacune d’elles ne rencontreraient jamais personne, se croyant isolée dans le cosmos.
Et nous dans tout ça ?
Il faut garder en tête que notre civilisation “intelligente” est très récente. 90% du développement de la vie sur Terre s’est produit sous forme de microbes et organismes unicellulaires. Notre existence en tant qu’êtres humains n’existe que depuis 4 ou 5 millions d’années, et depuis quelques siècles tout au plus en tant qu’humains technologiquement avancés. Nous maîtrisons les technologies nécessaires à une recherche active depuis environ 100 ans. Si la vie extraterrestre existe dans notre galaxie, il se pourrait qu’elle soit encore au stade d’organismes unicellulaires, et il serait alors logique que nous ne captions pas leurs signaux radios ou que nous ne voyons pas leurs engins dans l’espace.
On peut aussi tout à fait envisager qu’il ait existé des formes de vie intelligentes, mais qu’au fil de leur évolution, leur avancée est devenue telle que cette population s’est autodétruite. Ou bien elle s’est éteinte pour d’autres raisons comme un changement climatique ou des catastrophes naturelles planétaires par exemple (ce qui paraît probable, au regard de la crise climatique actuelle…).Il existe une échelle permettant de classer une civilisation selon son avancée technologique : l’échelle de Kardachev. Initialement, celle-ci expliquait qu’il existe trois types de civilisations : la civilisation de type 1 pourrait utiliser toute l’énergie disponible sur sa planète. Celle de type 2 serait capable d’exploiter toute la puissance de son étoile. Enfin, celle de type 3 aurait à sa disposition toute la puissance émise par sa galaxie. Aujourd’hui de nouveaux types de civilisations encore plus puissantes ont été ajoutées (allant jusqu’au type 6 qui pourrait récolter l’énergie de tout l’espace temps… Invraisemblable n’est ce pas ?). En se fiant à cette échelle, l’humanité n’est pas encore arrivée au type 1 (Selon le scientifique Carl Sagan, nous nous trouverions aux alentours de 0,75. Nous sommes effectivement bien loin de maîtriser les galaxies qui nous entourent).
Il est donc possible qu’une civilisation de type 2 ou 3, donc technologiquement plus avancée que nous, puisse causer sa propre perte. C’est la théorie du grand filtre, définie comme une suite d’obstacles qui empêchent le développement d’une civilisation extraterrestre dans le temps. Ce grand filtre peut être situé dans notre passé, pour les hypothèses les plus optimistes, ou dans notre futur, pour les plus pessimistes.
Ici, je n’ai cité que quelques exemples et théories célèbres qui répondent au paradoxe de Fermi, mais il en existe sûrement des dizaines encore, parmi les plus farfelues et fantaisistes.
Si ce sujet vous intéresse j’ai une très bonne nouvelle pour vous : ce n’est pas fini ! E.T ne nous a pas encore rendu visite mais il aurait peut-être pu nous envoyer un message. On verra dans le prochain article ce que les scientifiques ont découvert à ce sujet. Accrochez-vous, le voyage spatial continue… A bientôt !