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Une lampe magique pour aider 700 millions de dyslexiques

Par Agate Princé - Le 27 avril 2018

La dyslexie est définie comme « la difficulté d’apprentissage de la lecture et de l’orthographe, en dehors de toute déficience intellectuelle et sensorielle, et de tout trouble psychiatrique »1. Ce trouble fait partie d’un ensemble de dysfonctionnements catégorisés par le terme « troubles DYS » regroupant six principaux cas : dysphasie, dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, dyspraxie, dysgraphie. Selon l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), la dyslexie toucherait aujourd’hui trois fois plus les garçons que les filles et entre 3 et 5 % des enfants. Selon ce même laboratoire de recherche, 2.3 à 10 % de la population mondiale serait touchée, soit environ 700 millions de personnes.

Le 18 Octobre 2018, Albert Le Floch et Guy Ropart ont publié un article scientifique dans The Royal Society, traitant de ce phénomène et de son origine aujourd’hui encore inconnue : « L’asymétrie gauche-droite des tâches de Maxwell chez les adultes avec et sans dyslexie. » Les deux chercheurs de l’Université de Rennes II ont réalisé leur étude sur 60 étudiants (30 étudiants dyslexiques et 30 étudiants non dyslexiques). Ils ont étudié de près la dyslexie dysphonétique : les graphismes visuellement proches, les phonèmes (ce sont des représentations abstraites des sons établies les unes par rapport aux autres au sein du système phonologique)2 phonétiquement proches et les mots morphologiquement proches. Prenons en exemple les mots « sol » et « saule » avec pour phonème respectif [ɔ]  et [o]. Ces derniers sont semblable phonétiquement et morphologiquement.

 

Projection des voies visuelles

Les yeux sont à l’avant du crâne tandis que les aires cérébrales qui traitent les informations visuelles sont elles, à l’arrière. Les influx nerveux captés par les yeux se transmettent le long des axones de chaque nerf optique qui eux, vont converger vers une ligne au niveau du chiasma optique (zone d’entrecroisement des nerfs optiques) et changer de côté. Chaque œil a son propre champ visuel et les deux champs visuels se superposent. Ainsi ils vont pouvoir former le champ visuel binoculaire au centre des deux yeux et permettre la vision en trois dimensions.

 

La tâche de Maxwell 

La tâche de Maxwell est définie comme un phénomène entoptique (effet visuel dont la source est dans l’œil lui-même) permettant d’apercevoir une tâche sombre après avoir fixé une surface blanche lumineuse à travers un filtre bleu violet foncé. Selon l’étude menée par ces chercheurs, il existe une dysimétrie au niveau des deux yeux qui se traduit par deux tâches de Maxwell différentes (voir figure 1). Ainsi nous avons naturellement un œil qui domine l’autre. L’image miroir créée par l’œil secondaire est éliminée car elle est plus faible.

Figure réalisée par l’auteure.

En revanche, chez les individus dyslexiques, les deux tâches de Maxwell sont identiques. Il en résulte qu’aucun des deux yeux ne domine l’autre. Par conséquent, le cerveau voit deux images au même moment et ne peut pas clairement les distinguer.

Chez les adultes non dyslexiques, il existe une différence entre les images reçues par les deux yeux (voir figure 2). En observant la lettre « b » l’image miroir formant un « d » et créée par l’œil secondaire est effacée. Cependant nous pouvons constater que chez une personne dyslexique, il n’y aura pas de distinction entre les lettres b et d. Le cerveau voit alors les deux lettres en ne sachant pas faire la différence (voir figure 2).

Figure réalisée par l’auteure.

Une lampe « magique » comme solution

Selon Guy Ropars « l’existence des délais entre l’image primaire et l’image miroir dans les hémisphères opposés (de l’ordre de 10 millisecondes) nous a permis de mettre au point une méthode pour effacer l’image-miroir qui gêne tant les dyslexiques ». La lampe « anti-dys » est une lampe stroboscopique à LED qui, fonctionnant à une certaine fréquence et envoyant des flashs lumineux d’une certaine durée, permet d’effacer l’image miroir moins intense envoyée par l’œil secondaire (voir figure 3).

Figure réalisée par l’auteure.

Conclusion

À ce jour, il n’existe qu’une seule lampe dans le monde, celle développée par Guy Ropars et Albert Le Floch. Le développement ainsi que le brevetage d’un tel produit devra attendre que d’autres chercheurs et laboratoires confirment les hypothèses avancées. Il serait alors ambitieux de dire que les troubles occasionnés par la dyslexie dysphonétique sont réglés. De plus le problème traité ici n’est observable que chez certains dyslexiques. En attendant de nouvelles avancées, il existe de nombreuses autres possibilités pour contrecarrer l’insuffisance du système optique  et la dysimétrie observée. Le résultat scientifique observé ici est à recevoir avec prudence de la part de chacun d’entre nous. Il est important de prendre du recul face à l’empressement des médias et le manque de rigueur scientifique observé dans certains articles qui prônent la découverte d’une solution miracle en allant à l’encontre du discours des deux chercheurs.

Sources

  1. Encyclopédie en Ligne, Larousse http://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/dyslexie/12637
  1. Éducathèque, Apprendre avec plaisir https://planetedesalphas.ca/phones-et-phonemes/

 

Sources

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